La Légende de Merlin et du Roi Arthur

La naissance de Merlin

On situe Merlin ( Merrdin) vers le Moyen Age (Entre le 5ème  et le 6ème siècle), au temps des Chevaliers.

 A l'origine il devait être l'antéchrist. Effectivement il n'aurait pas existé si la Force du Mal ( le Diable )  n'avait décidé un jour de jouer un mauvais tour aux mortels. Elle vint sur terre et prit forme humaine pour se faire aimer de la princesse de Dyfed, une vierge belle et naïve, alors qu'elle s'était endormie de chagrin après avoir été battue par des inconnus.

Elle  devait accoucher d'un représentant terrestre des enfers.

 Lorsque cela se vit, les autres femmes lui demandèrent quel homme l'avait engrossée, et elle leur répondit qu'elle-même l'ignorait.

 Elle fut condamnée à mort pour avoir été enceinte hors mariage, comme l'exigeaient les lois de ce temps. Pourtant les juges décidèrent de sauver l'enfant, qui somme toute, était innocent : ils enfermèrent la jeune fille jusqu'à l'accouchement et elle pria durant toute sa grossesse pour que Dieu la sauve elle et son enfant.  Le bébé fut un garçon vigoureux qu'on nomma Merlin. Il était velu à faire peur, si bien qu'aucune nourrice ne voulut l'allaiter. On le laissa donc à sa mère après l'avoir baptisé.

 Le jour sinistre arriva, où les juges voulurent exécuter la sentence. Ce fut alors que se produisit le premier prodige : Merlin prit la parole, et devant les juges stupéfaits, il défendit sa mère avec éloquence. il affirma que lui-même connaissait mieux son père que le juge connaissait le sien. Il lui raconta alors tout, puisqu'il connaissait les choses passées, et le juge fit donc venir sa propre mère pour entendre la vérité. Et alors il pensa que s'il ne condamnait pas sa mère, il n'avait aucune raison de condamner la jeune femme. Et elle fut libre.
Peu après, tous deux quittèrent la prison sain et sauf. Durant sept années, Merlin grandit dans un monastère,
auprès de sa mère, étonnant son entourage en révélant de nouveaux talents prodigieux. Merlin  hérita
de la connaissance de toutes les choses du passé de la part de son père la " Force du Mal " ainsi que de la connaissance d'une partie du futur offerte par " La Force du Bien ". Ainsi dès sa naissance, l'enfant savait parler et raisonner comme un adulte.

 

 L'un des rôles de Merlin fut d'aider à l'accomplissement du destin du royaume de Bretagne (actuelle Angleterre).

 Le roi Vortigern ( Gwrtheyrn : le Grand Roi ) s'inquiétait de l'avancée des Bretons ( Britons ). En effet, après le départ des Romains, Vortigern le Saxon avait usurpé le trône qui revenait aux Bretons réfugiés en Armorique ( Bretagne Française ). Vortigern voulait construire une forteresse imprenable pour résister au retour des Bretons, mais chaque nuit, les tours construites s'effondraient. Les mages lui dirent qu'il fallait faire couler le sang d'un enfant sans père sur les fondations et, après de longues recherches, Merlin fut amené devant Vortigern, et se mit à rire :
" Mon roi, déclara-t-il, tes mages te mentent. Ce château s'effondrera toujours car il est construit au-dessus d'une caverne où se battent deux dragons. Le dragon blanc a pris la caverne, et le dragon rouge veut la reprendre, et même s'il se bat vaillamment, le dragon blanc va périr. "

 Merlin prophétisait ainsi le retour des Bretons (rouge) et la défaite des Saxons (blanc). Vortigern, dépité, le renvoya dans les bois. Les Bretons revinrent en force, Vortigern fut tué, et Aurelius Ambrosius reprit son trône, bientôt succédé par son frère : Uther Pendragon.

La naissance d'Arthur

 Il  advint au temps d 'Uter Pendragon, lorsqu'il était roi de toute la Grande Bretagne et régnait comme tel, qu' il y avait en Cornouailles un puissant duc qui avait soutenu contre lui une longue guerre.

 Ce duc s'appelait le duc de Tintagel. Le roi Uter fit venir ce duc, lui ordonnant d'amener avec lui son épouse, car elle était réputée belle dame et grandement sage. Elle avait nom Ygerne.
 

 Adonc, lorsque le duc et sa femme arrivèrent chez le roi, grâce à l'entremise de grands seigneurs, ils furent réconciliés. La dame plut beaucoup au roi ; il s'éprit d'elle et les festoya sans mesure. Il aurait voulu partager la couche de la duchesse. Mais c'était une femme de grande vertu, et elle refusa de consentir aux désirs du roi. Elle avertit le duc, son époux, lui disant. « Je soupçonne qu'on nous a mandés pour que je sois déshonorée. C'est pourquoi, mon époux, je conseille que nous partions d'ici au plus vite pour chevaucher toute la nuit jusqu'à notre château. » Comme elle l'avait dit, c'est ainsi qu'il fut fait, et ni le roi ni aucun de ses conseillers ne s'aperçurent de leur départ.

Dès que le roi Uter apprit qu'ils s'en étaient allés aussi soudainement, il entra en grand courroux.  Il réunit ses conseillers particuliers et les informa du brusque départ du duc et de sa femme. Lors les conseillers demandèrent au roi d'obliger le duc et son épouse à venir par mandement impératif " Et s'il refuse de se rendre à votre ordre, alors vous serez libre d'agir à votre guise. Vous aurez fondement à mener contre lui une dure et juste guerre ".


Ainsi fut fait. Réponse fut donnée aux messagers. C'était en peu de mots ceci : Ni le duc ni son épouse n'acceptaient de venir au roi. Lors le roi entra de nouveau en grand courroux. A nouveau il fit remettre au duc un clair message, disant qu'il lui fallait se préparer, renforcer troupes et défenses, car avant quarante jours il viendrait le tirer de son  puissant château.

 Quand le duc reçut cet avertissement, aussitôt il alla pourvoir d'hommes et de défenses deux de ses châteaux forts, dont l'un avait nom Tintagel et l'autre Terrabel. Il mit sa femme, dame Ygerne, dans le château de Tintagel, et lui-même prit place dans celui de Terrabel, lequel avait maintes issues et poternes. Lors en diligence accourut le roi Uter avec une grande armée. Il mit le siège devant le château de Terrabel. Il y planta des tentes en grand nombre, de grands assauts furent menés de part et d'autre et bien des gens tués.
 


 Si vive était sa colère et si impérieux son amour pour la belle Ygerne que le roi Uter tomba malade. Devers lui vint alors Messire Ulfin, noble chevalier, qui demanda au roi les causes de sa maladie. Je vais te les donner, dit le roi. Si je suis malade, c'est de colère, et c'est l'amour que je porte à la belle Ygerne qui m'empêche de guérir. - Eh bien, repartit Messire Ulfin, je vais quérir Merlin. Il y apportera remède et votre coeur sera content. »
 

C'est ainsi qu'Ulfin partit, et d'aventure il rencontra Merlin sous l'accoutrement d'un gueux.  Merlin demanda à Ulfin qui il cherchait. « Ce n'est pas ton affaire, lui fut-il répondu.

 - Eh bien, dit Merlin, moi je sais qui tu cherches, car tu cherches Merlin.  Ne cherche pas plus longtemps, car je suis cet homme-là. Si le roi Uter veut bien m'en récompenser et s'il peut s'engager à satisfaire mon désir, il en tirera plus d'honneur et de profit que moi, car je ferai en sorte qu'il obtienne tout ce qu'il souhaite.

- Je m'engage, repartit Ulfin, à ce que, dans la limite du raisonnable, ton désir soit satisfait.  - Eh bien, dit Merlin, le sien sera exaucé et comblé. Poursuis donc ton chemin. J'aurai tôt fait de te rejoindre.

»

 Lors Ulfin fut bien content et chevaucha bon train jusqu'à ce qu'il arrivât chez le roi Uter Pendragon et lui rapportât qu'il avait fait rencontre de Merlin. « -Où est-il ? dit le roi. <<- Sire, répondit Ulfin, il ne tardera guère. >> Et Ulfin s'aperçut que Merlin se tenait sous le porche à l'entrée du pavillon. Il fut ordonné à Merlin de venir au roi. Lorsque le roi Uter le vit, il lui dit qu'il était le bienvenu. «

    -Sire, repartit Merlin, je connais votre coeur jusque dans ses moindres recoins. Si j'ai votre parole de roi, et de roi d'autorité sacrée, que vous accéderez à mon désir, alors le vôtre sera exaucé.

 Le roi en fit serment par les quatre évangélistes.
-
Sire, dit Merlin, voici ce que je vous demande. La première nuit que vous passerez auprès d 'Ygerne, vous devrez d'elle engendrer un enfant. Quand il sera né, il me sera remis, que je le nourrisse là où je l'aurai décidé. Cela vous vaudra du renom et à l'enfant un profit aussi vaste que sa valeur sera grande.

- Je veux bien, répondit le roi, qu'il soit fait comme tu le demandes.

- Or donc, préparez-vous, dit Merlin, car cette nuit même vous partagerez la couche d' Ygerne au château de Tintagel. Vous prendrez l'aspect du duc son époux, Ulfin celui de messire Bretiaus, un chevalier du duc, et moi celui d'un chevalier qui a nom Messire Jourdain, lui aussi chevalier du duc. Mais veillez à ne pas poser trop de questions, à elle ou à ses gens. Dites que vous êtes souffrant, hâtez-vous d'aller vous coucher. Et le lendemain matin ne vous levez point avant que je vienne à vous, le château de Tintagel n'est jamais qu'à quatre lieues d'ici. »

 Il en fut fait comme ils l'avaient conçu. Mais le duc de Tintagel épia comment le roi quittait les assiégeants de Terrabel. Aussi, cette nuit-là, il sortit du château par une poterne afin de harceler l'armée d'Uter. Et, en sortant de sa propre initiative, le duc fut tué avant que le roi parvînt au château de Tintagel.

Il se fit donc que ce fut après la mort du duc que le roi Uter partagea la couche d 'Ygerne, plus de trois heures après cette mort, et qu'il engendra d'elle Arthur cette nuit-là. Avant le jour, Merlin vint au roi. Il lui dit de se préparer. Lors le roi embrassa dame Ygerne et partit en toute hâte.

Mais, lorsque la dame eut des nouvelles de son époux, que selon tous les rapports elle sut qu'il était mort avant que le roi Uter vînt à elle, elle se demanda qui cela pouvait bien être qui avait dormi avec elle sous l'aspect de son seigneur. Elle s'en désola secrètement mais se tint coite. Lors tous les barons d'une seule voix prièrent le roi de se réconcilier avec dame Ygerne. Le roi ne s'y opposa point, car il avait grande envie de bien s'entendre avec elle. Aussi s'en remis t'il entièrement à Ulfin pour parlementer et, par le moyen de ces négociations, enfin le roi et eux se rencontrèrent.

-Maintenant, dit Ulfin, tout va s'arranger. Notre roi est un chevalier plein de vigueur qui n'a point d'épouse, et dame Ygerne est une dame d'une rare beauté. Ce serait grande joie pour nous tous s'il pouvait plaire au roi de faire d'elle sa reine.

 Tous en tombèrent aisément d'accord. On fit cette proposition au roi. Aussitôt, en chevalier plein de vigueur, il y consentit volontiers et ainsi, sans attendre, au matin ils furent mariés au milieu de la joie et de l' allégresse générales. En remerciement pour ses services, le roi rassembla quelques terres qui appartenaient à la couronne pour une offrande de titre à Merlin. Celui-ci pris le nom de comte de Merrdin. Et le roi Lot, des Lothians et des Orcades, épousa la fille d 'Ygerne, Morcade, qui fut mère de Gauvain, et le roi Nante, du pays de Garlot, épousa Blasine. Tout ceci fut fait à la requête du roi Uter. La troisième soeur, Morgane la Fée, fut mise dans un couvent pour y  être instruite, et là elle devint si savante qu'elle fut grand clerc en nécromancie. Par la suite, elle fut mariée au roi Urien de Gorre, qui fut père de Messire Yvain aux Blanches Mains.

Lors, la reine Ygerne chaque jour devint plus grosse et il advint qu'ensuite, moins de six mois après, tandis que le roi était au couché auprès de sa reine, il la requit, par la foi quelle lui devait, de lui dire de qui était l'enfant qu'elle portait en son sein. Elle fut fort embarrassée pour lui répondre. «

-Ne soyez pas en peine, reprit le roi. Dites-moi seulement la vérité, et par ma foi je ne vous en aimerai que mieux.

-Sire, répondit- elle, je vais vous dire la vérité. Cette même nuit que mon seigneur perdit la vie, à l'heure de sa mort s'il faut en croire ses chevaliers, il vint en mon château de Tintagel un homme qui ressemblait à mon seigneur par la parole et les traits du visage, ainsi que deux chevaliers qui avaient le même aspect que ses deux chevaliers Bretiaus et Jourdain. J'allais donc me coucher auprès de lui, ainsi que le voulait mon devoir envers mon seigneur, et cette même nuit, j'en répondrai devant Dieu, cet enfant fut conçu.

-C'est vérité, repartit le roi, que vous me dites là, car c'est moi-même qui vins à vous sous cet aspect. Donc, n'en ayez nul effroi, car je suis le père de cet enfant. Il lui révéla alors comment tout cela avait pu se produire et comment il avait suivi le conseil de Merlin. Et la reine se réjouit grandement quand elle sut qui était le père de l'enfant.


 

    Peu de temps après, Merlin vint trouver le roi et dit : « Sire, il vous faut pourvoir à la manière dont votre enfant sera nourri. - Qu' il en soit fait comme tu l' entends, dit le roi. - Eh bien, reprit Merlin, je connais dans ce pays un de vos seigneurs qui est d'une loyauté et d'une fidélité parfaites. C'est lui qui aura la charge de nourrir votre enfant. Son nom est Messire Auctor, et c'est un seigneur qui a de grands biens en mainte partie d'Angleterre et de Galles. Ce seigneur, Messire Auctor, envoyez-le chercher, qu'il vienne vous parler, et demandez-lui vous-même, s'il vous aime, de mettre son propre enfant en nourrice avec une autre femme et que sa femme à lui donne le sein à votre enfant à vous. Ensuite, quand celui-ci sera venu au monde, remettez-le moi à cette poterne secrète là-bas sans qu'il ait été baptisé.»

    Il en fut fait comme Merlin l'avait imaginé. Quand Messire Auctor arriva, il fit promesse au roi de nourrir l'enfant comme il le désirait. Et le roi accorda à Messire Auctor de grandes récompenses. Puis, quand la reine fut délivrée, le roi donna ordre à deux chevaliers et à deux dames de prendre l'enfant, enveloppé dans un drap d'or, et de le remettre au premier pauvre hère qu'ils rencontreraient à la poterne du château. C'est ainsi que l'enfant fut remis à Merlin, qu'il le porta à Messire Auctor, le fit baptiser par un saint homme et lui donna le nom d' Arthur. Et ce fut ainsi que la femme de Messire Auctor le nourrit de son propre lait.

Le Roi Arthur

 Lors, au cours des deux années qui suivirent, le roi Uter fut atteint d'une grave maladie. Pendant ce temps, ses ennemis empiétèrent sur ses domaines, livrèrent à ses soldats une grande bataille et tuèrent beaucoup de ses sujets. «

- Sire, dit Merlin, il ne faut pas rester au lit couché comme vous  le faites. Il faut aller sur le champ de bataille, quand vous iriez en litière, car vous ne l'emporterez sur vos ennemis que si vous êtes là en personne. Alors vous aurez la victoire. »

On fit comme Merlin l'avait imaginé. On porta le roi en litière, et avec lui une grande armée alla à la rencontre de ses ennemis. A Saint Albans ils se heurtèrent à une troupe nombreuse venue du Nord. Et ce jour-là, Messire Ulfin et Messire Bretiaus accomplirent de hauts faits d'armes. Les gens du roi Uter déconfirent la troupe venue du Nord, occirent beaucoup de gens et mirent le reste en fuite. Après quoi, le roi s'en retourna à Londres et mena grande liesse de sa victoire. Puis il tomba encore gravement malade et de trois jours, trois nuits, ne put dire un seul mot. Tous les barons en eurent grande douleur et demandèrent à Merlin ce qu'il convenait faire de mieux.


   
-
Il n'y a nul remède, leur répondit Merlin, que de se soumettre à la volonté de Dieu. Mais n'oubliez pas, barons, de paraître vous tous, demain matin, devant le roi Uter. Dieu et moi le ferons parler. »Ainsi, le matin suivant, tous les barons en compagnie de Merlin se présentèrent devant le roi. Merlin dit à haute voix au roi Uter : «

    -Sire, est-ce que votre fils Arthur sera après vous le roi de ce royaume, de même que de ses terres données en apanage ?  A ce moment, le roi Uter Pendragon se tourna et dit, de façon que chacun le put entendre : «

    -Il a ma bénédiction et celle de Dieu. Je lui enjoins de prier pour mon âme et, dans la justice et dans l'honneur, de réclamer la couronne, faute de quoi il n'aurait plus ma bénédiction. » Là-dessus, il rendit l'âme et fut mis en terre ainsi qu'il convenait à un roi. La reine, la belle Ygerne, en eut une grande douleur ainsi que tous les barons.

   Lors le royaume fut longtemps en grand Péril, car chacun des seigneurs qui disposaient de beaucoup de gens accrut sa puissance, et beaucoup songèrent à ceindre la couronne. Merlin alla trouver l'archevêque de Cantorbéry et lui conseilla de mander à tous les seigneurs du royaume ainsi qu'à tous les gentilshommes portant armes de venir à Londres le jour de Noël sous peine d'être frappés d'anathème. Il le proposait afin que Jésus, qui naquit cette nuit-là, en sa grande miséricorde fit quelque miracle.

     Puisqu'il était venu pour régner parmi les hommes, qu'il montrât par un miracle qui devait légitimement régner sur ce pays. Ainsi donc l'archevêque, suivant le conseil de Merlin, fit venir à Londres tous les seigneurs et tous les gentilshommes portant armes. Et beaucoup veillèrent à ce que leur vie fût sans tache afin que leur prière en fût plus agréable à Dieu.


   
Dans la plus grande église de Londres << était-ce ou non Saint-Paul ?  Le livre français n'en dit rien >>, tous les notables se retrouvèrent, longtemps avant le jour, afin de prier. Et lorsque les matines furent chantées et la première messe dite, on put voir devant l'église, vis à vis du grand autel, une énorme pierre quadrangulaire semblable à du marbre, au milieu de laquelle il y avait une enclume d'un pied de haut. Et dans cette enclume était fichée par la pointe une belle épée nue et des lettres d'or inscrites sur l'épée disaient ceci. Qui tirera cette épée de cette pierre est bien né pour régner sur toute la Bretagne. ( Angleterre )


        
Lors les gens s'émerveillèrent. On avertit l'archevêque. Je vous ordonne, dit l'archevêque, de demeurer dans votre église et de continuer à prier Dieu. Que nul ne touche à cette épée avant que la grand-messe ne soit tout à fait finie. » Ainsi donc, seulement lorsque toutes les messes eurent été dites, tous les seigneurs allèrent contempler la pierre et l'épée. Quand ils virent l'inscription, certains s'essayèrent, ceux qui auraient voulu être roi. Mais nul ne put ébranler l'épée ni la mouvoir. Il n'est pas ici, dit l'archevêque, celui qui doit obtenir cette épée, mais soyez sans crainte, Dieu révélera qui il est. Cependant, ajouta-t-il, je suis d'avis que nous mettions dix chevaliers de bonne renommée à garder cette épée. C'est ce qui fut décidé. Puis on fit crier que quiconque voudrait prendre l'épée pourrait en faire l'essai.

  


Le jour du Nouvel An, les barons mirent en place un tournoi pour le divertissement de ceux des chevaliers qui voudraient jouter ou combattre.

 Ceci fut fait pour maintenir ensemble les seigneurs et le peuple, car l'archevêque ne doutait aucunement que Dieu ferait connaître qui obtiendrait l'épée. Donc, le jour du Nouvel An, après l'office, les barons gagnèrent la lice, d'aucuns pour la joute, d'autres pour le tournoi, et il advint que Messire Auctor, qui avait beaucoup de biens auprès de Londres, vint à la joute.

 Chevauchaient à ses côtés Messire Keu, son fils, et le jeune Arthur qui avait été élevé comme son frère. Messire Keu avait été fait chevalier à la Toussaint précédente.


        Tandis qu'ils se rendaient sur le lieu de la joute, Messire Keu s'aperçut qu'il n'avait pas son épée. Il l'avait laissée à l’hôtellerie de son père. Il pria donc le jeune Arthur d'aller l'y chercher. « - Je veux bien », dit Arthur, et il pressa son cheval pour aller la quérir. Quand il fut rendu, l'hôtesse et tous les autres étaient partis aux joutes. Arthur en fut contrarié. Il se dit - « je vais aller jusqu'à l'église et prendre l'épée qui est fichée dans la pierre, car il ne peut s'admettre que mon frère, Messire Keu, soit privé d'épée un jour comme celui-ci.

 

Quand il arriva devant l'église, Messire Arthur mit pied à terre et attacha son cheval à la barrière. Il se rendit à la tente, mais n'y trouva nul chevalier, car ils étaient aux joutes. Il saisit donc l'épée par la poignée et, sans violence mais avec fermeté, il la tira de la pierre. Puis il prit son cheval, chevaucha jusqu'à ce qu'il rejoignît son frère, Messire Keu, et lui remit l'épée.


Dès que Messire Keu vit l'épée, il sut parfaitement que c'était celle de la pierre. Il alla trouver son père, Messire Auctor, et lui dit . - Regardez, Messire, voici l'épée de la pierre et, de par cette épée, c'est moi qui dois être le roi de ce pays. » Lorsque Messire Auctor l'eut contemplée, il rebroussa chemin et s'en vint à l'église. Tous trois mirent pied à terre et entrèrent. Aussitôt . Messire Auctor fit jurer à Messire Keu sur un livre saint de reconnaître comment il s'était procuré cette épée.

 «

    -Seigneur, dit Messire Keu, ce fut par mon frère Arthur. Ce fut lui qui me l'apporta.

    -Comment avez-vous eu cette épée ? dit Messire Auctor à Arthur.

    -Seigneur, je vais vous le dire. Lorsque j'arrivai au logis pour y quérir l'épée de mon frère, je n'y trouvai personne pour me bailler son épée. J'ai pensé que mon frère, Messire Keu, ne devait pas rester sans épée. Je me suis donc hâté de venir céans, et j’ai tiré celle-ci de la pierre sans mal aucun.

    -Avez-vous trouvé des chevaliers auprès de cette épée ? demanda Messire Auctor.

     -Non, répondit Arthur.

     -Or donc, dit Messire Auctor à Arthur, j'en conclus que c'est vous qui devez être roi de ce pays.

     -Pourquoi moi ? répartit Arthur, et pour quelle raison ?

    -Messire, dit Auctor, parce que Dieu le veut. Aucun homme ne devait retirer cette épée, hors celui qui était appelé à devenir le roi légitime de ce pays. Maintenant, faites-moi savoir si vous pouvez la remettre où elle était et l'en tirer à nouveau.

    -Nul besoin d'être maître, dit Arthur. Et il la mit en la pierre. Là-dessus, Messire Auctor tenta de l'en retirer mais sans succès.

    -Maintenant, à vous d'essayer, dit Messire Auctor à Messire Keu. Aussitôt, celui-ci tira sur l'épée de toutes ses forces mais sans effet aucun.    

     -Vous à présent, dit Messire Auctor à Arthur.

     -Je veux bien, dit Arthur. Et il la retira aisément.

  Là-dessus, Messire Auctor mit un genou en terre de même que son fils Messire Keu.

 -Las ! dit Arthur, vous qui êtes mon père et mon frère, pourquoi vous agenouiller devant moi ?

  Non, non, Monseigneur Arthur, jamais je ne fus votre père ni de votre sang, niais je vois bien que vous êtes d'un sang plus noble que je n'imaginais. » Et Messire Auctor lui dévoila tout. Il lui dit comment il avait été chargé de le nourrir, qui le lui avait ordonné et comment Merlin lui avait confié l'enfant.
 
Arthur se lamenta grandement lorsqu'il comprit que Messire Auctor n'était pas son père.

- Messire, dit Auctor à Arthur, voulez-vous bien être mon bon et gracieux seigneur lorsque vous serez roi ?

 -Autrement je serais bien coupable, répondit Arthur, car vous êtes au monde l'homme auquel je dois le plus, de même que je suis redevable à la bonne dame, ma mère et votre épouse qui, comme si j'étais à elle, m'a nourri et élevé. Et si jamais c'est la volonté de Dieu que je sois roi, comme vous dites, vous me demanderez tout ce que je pourrai et je ne vous ferai point défaut, Dieu me garde de vous faire défaut.

 -Messire, dit Auctor, je ne vous demanderai qu'une chose, que vous fassiez mon fils, votre frère d'adoption, Messire Keu, sénéchal de toutes vos terres.

 -Ce sera fait, répondit Arthur, et en outre, par ma foi, j'assure que jamais homme n'aura cet office que lui, tant que nous serons en vie, lui et moi.»
 
Sur ce, ils allèrent trouver l'archevêque. lis lui contèrent comment l'épée avait été obtenue et par qui. Et, le jour de l’Epiphanie, tous les barons vinrent pour tenter de prendre l'épée, libre à chacun d'essayer. Mais là, devant tous, nul ne put s'en saisir qu'Arthur. De quoi maint seigneur fut courroucé, disant que c'était grande honte pour eux tous et pour le royaume d'être soumis à un jouvenceau qui n'était point de haute naissance. Ils se querellèrent alors, tant et si bien qu'on remit l'affaire à la Chandeleur, quand tous les barons se réuniraient à nouveau. Nonobstant, les dix chevaliers reçurent ordre de veiller sur l'épée, de jour comme de nuit. On dressa donc un pavillon au-dessus de la pierre et de l'épée, et ils furent toujours cinq à faire bonne garde.

 

           



  Ainsi, à la Chandeleur, beaucoup d'autres grands seigneurs vinrent en ce lieu pour s'attribuer l'épée, mais nul n'y réussit. Et ce qu' Arthur avait fait à Noël, il le fit à la Chandeleur. Il enleva l'épée sans difficulté, ce dont les barons furent fort consternés, et ils remirent l'affaire à la grande fête de Pâques. Le même succès qu'avait eu Arthur auparavant, il l' eut à Pâques. Néanmoins, quelques-uns des grands seigneurs s'indignèrent qu'Arthur put être roi, et ils renvoyèrent l'affaire à la fête de la Pentecôte. Lors l'archevêque de Cantorbéry, par les soins de Merlin, se procura les meilleurs chevaliers qu'ils fussent à même d'obtenir et les mieux aimés d'Uter Pendragon, les plus fidèles en son temps. Des chevaliers furent mis auprès d'Arthur, comme Messire Baudouin de Bretagne, Messire Keu, Messire Ulfin, Messire Bretiaus. Tous ceux-là, et bien d'autres, ne quittèrent jamais Arthur, ni de jour ni de nuit, jusqu'à la fête de la Pentecôte.

 La fête de la pentecôte s'essayèrent à tirer l'épée toutes sortes de gens qui en avaient envie, mais nul n'y put réussir qu' Arthur, qui l'ôta au vu de tous les seigneurs et de tout le peuple qui étaient là présents. À Quoi tout le peuple s'écria d'une seule voix.

 

              

 - Nous voulons Arthur pour notre roi. Nous ne le ferons pas attendre davantage, car nous voyons bien que c'est la volonté de Dieu qu'il soit notre roi, et celui qui s'y oppose, nous le mettrons à mort. »
Là-dessus, tous ils s'agenouillèrent, riches et pauvres, et ils demandèrent pardon à Arthur de l'avoir fait languir aussi longtemps. Et Arthur leur pardonna, prit l'épée entre ses mains et en fit offrande sur l'autel, près duquel se tenait l'archevêque. Ainsi fut-il fait chevalier par la plus digne des créatures qui se trouvaient là. Sans attendre on procéda au sacre. Et Arthur fit serment à ses seigneurs et au peuple d'être un roi loyal, d'observer strictement la justice dorénavant, tous les jours de sa vie.
Lors aussi fit il entrer tous ceux des seigneurs qui tenaient leurs biens de la couronne, afin qu'ils remplissent leurs offices comme il se devait. Maintes doléances furent faites auprès du roi Arthur. De grands torts avaient été subis depuis la mort du roi Uter. Beaucoup de terres avaient été ravies à des seigneurs, des chevaliers, des dames, des gentilshommes. Le roi Arthur fit rendre ces terres à ceux auxquels elles appartenaient. Quand ce fut fait, que le roi eut rétabli l'ordre dans toute la contrée à l'entour de Londres, il fit Messire Keu sénéchal de Bretagne. Messire Baudouin de Bretagne fut fait connétable, Messire Ulfin chambellan et Messire Bretiaus gouverneur, pour faire bonne garde dans tout le territoire du Nord à partir de la rivière de Trent, car en ce temps-là c'était pays surtout tenu par les ennemis du roi. Mais après, il ne fallut que quelques années à Arthur pour soumettre tout le Nord, l'Ecosse et tout ce qui en dépendait. Les Gallois aussi, certains d'entre eux, s'opposèrent à Arthur, mais il les réduisit tous, comme il fit du reste du pays, grâce aux nobles prouesses qu'il accomplit, ainsi que ses chevaliers de la Table Ronde.

 

Dès le début de son règne, il comprit à quel point il dépendait de la magie. En dressant son épée Excalibur sans raison contre l'un de ses chevaliers, Arthur fut consterné de voir la lame voler en éclat. Désarmé, il fut sauvé de justesse par Merlin qui endormit le chevalier.

Morgan

Arthur errait, abattu, aux abords d'un lac lorsqu'à sa stupéfaction, il vit surgir de l'eau une main et un bras portant l' épée magique. Morgan, la Dame du Lac apparut et lui rendit son épée reforgée. 

             

La Dame du Lac

Fort d'avoir récupéré son arme magique, Arthur devint un grand roi. Il vainquit les Anglo-Saxons, aida le roi d'Ecosse, Leodegraunce, dans sa guerre qui l'opposait aux Irlandais et partit même en campagne contre Rome. Pour le récompenser de son soutien, Leodegraunce lui donna sa fille Guenièvre en mariage. Dans un premier temps, Merlin s'opposa à leur union, car il connaissait bien l'amour que portait Guenièvre à Lancelot, le plus beau des Chevaliers de la Table Ronde.

    

 Il finit cependant par bénir le mariage. Néanmoins, Lancelot et la reine devinrent bientôt amants et lorsque Arthur découvrit l'infidélité de son épouse, le chevalier s'enfuit en Armorique .

Arthur le poursuivit et l'assaillit jusque dans son château breton. Il dut cependant lever le siège lorsqu'il apprit que son neveu, Modred, fils de sa soeur Morgane, s'était emparé de Camelot,  sa forteresse, allant même jusqu'à forcer la reine à l'épouser, après avoir fait courir le bruit que le roi était mort en campagne. De retour en Angleterre, Arthur rassembla ses chevaliers pour livrer bataille contre les rebelles . Mais avant d'entamer les combats, le roi et Modred acceptèrent de se rencontrer  pour tenter de faire la paix. Comme aucun d'eux n'avait confiance en l'autre, ils ordonnèrent à leurs armées respectives d'attaquer au moindre mouvement d'épée. Lorsqu'un chevalier dégaina son arme pour tuer un serpent, les deux armées se lancèrent dans une terrible bataille au cours de laquelle périt la fine fleur de la chevalerie de Grande Bretagne.

                  

Seuls deux chevaliers d'Arthur survécurent et emportèrent leur roi grièvement blessé loin du champ de bataille jonché de cadavres et de mourants. Sentant sa fin approcher, il demanda à ce qu'on jetât Excalibur dans un lac, ou une main vint promptement s'en emparer. Puis Arthur monta à bord d'un bateau magique et disparut. Les derniers mots qu'il prononça furent pour dire qu'il se rendait à Avalon afin d'y soigner ses blessures afin de pouvoir revenir un jour et régner de nouveau sur son peuple. Arthur repose en paix à Avalon gardé par quatre reines du royaume fées.

             

Cependant, son immortalité ne suffit pas à sauver son royaume affaibli par les Anglo-Saxons. Tout le mythe arthurien tourne autour de la désintégration de l'unité chevaleresque instaurée par la Table Ronde et finalement détruite par la haine implacable du Roi et de Modred.

Modred

Merlin qui fut l'ami et le conseiller du Roi Arthur retourna vivre dans la forêt de Brocéliande en Armorique où il retrouva son amie la fée Viviane qu'il épousa selon les rites sacrés des sorciers. En l'an de grâce 466, il lui fit deux enfants, Arnaud et Celeric, des fils jumeaux. C'est à ce moment que les deux Forces de l'Univers, la Force du Bien et celle du Mal, lui confièrent la garde du Symbole de toute vie sur terre, la Balance de Parité.

             

       La destinée de Merlin sur terre fut principalement, outre la formation du jeune Arthur, de remplir la mission Divine de protection de cette Balance. Toutefois  il entreprit d'autres tâches comme celle de veiller à la Table Ronde qui réunit les chevaliers les plus valeureux. Une place restait toujours vide à cette table. Elle était destinée au meilleur des chevaliers, c’est-à-dire à celui qui retrouverait le Graal, coupe sacrée satisfaisant les désirs des bons et repoussant les méchants.

Tous les chevaliers partirent alors à la quête du Graal, aidés par Merlin. Ainsi, c’est lui qui guida les pas de Perceval jusqu'au château du Graal, où il récupéra le vase magique. Perceval devint le roi du Graal et le meilleur chevalier du royaume.

 
 

La fée Viviane

Amoureux fou de sa femme Viviane, Merlin  lui transmit un jour, le secret de l'emprisonnement éternel que lui-même ne savait pas défaire.

 

Viviane

Désireuse de garder son mari avec elle pour l'éternité, Viviane usa du sortilège sur lui et  l'emprisonna entre neuf anneaux dans la forêt de Brocéliande. Ainsi ils vivent pour toujours dans la forêt, mais invisibles aux humains.

                       

 

Personne ne sut jamais que la magie de Merlin servait à la protection du Symbole de la destinée universelle ( La Balance de Parité ) sans la découverte de nos jours d'une mystérieuse tablette gravée en langue Runique sur les faces d'une roche inconnue, en forêt de Brocéliande.

Il est inscrit sur la pierre que celui qui détient ce talisman, se garde de mauvaises pensées et lui fait honneur, recevra la Puissance de Messire Merlin pour effectuer sa tâche, même si le sang venait à mentir.

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 celui  qui  detient  ce  talisman

, se  garde  de  mauvaises  pensees

 et  lui  fait  honneur

, recevra  la  Puissance   de Mmessire Merlin l'

pour  effectuer   sa  tache

 meme  si  le  sang  vanait  a  mentir)

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